Lauréat 2002

Gérard de Cortanze

Quatrième de couverture

"Aventino regarde par la fenêtre de la berline. Il est tombé cette nuit beaucoup de neige. On ne voit plus les sentiers, les chemins, plus une seule route destinée aux hommes. Dans le lointain, les Alpes hérissent leur muraille blanche. Turin, le château familial, la campagne alentour, le fond de son être, tout n'est plus qu'une immense solitude qui le suit au long de la route, jusque dans Gênes. Et sur le bateau, Aventino ne perçoit rien du vacarme du port : quelque chose, en lui, s'est déchiré. Perdu dans la contemplation du grand bassin noir et luisant, le voilà dans un monde qu'il ne reconnaît plus. Une eau pâteuse se soulève et s'abaisse. Pourquoi tout ce temps sans revoir Maria Galante ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce départ ? Parce que Aventino n'a plus rien à dire aux hommes de son siècle."

Biographie

NNé à Paris en 1948, Gérard de Cortanze descend, du côté de la mère, de Fra Diavolo, célèbre bandit napolitain qui lutta contre les troupes de Bonaparte, fut fait colonel et duc et finit pendu en novembre 1806, et du côté du père, des marquis Roero di Cortanze, membres, depuis 660, d'une illustre et influente famille aristocratique piémontaise qui fut contrainte à l'exil en 1893 après qu'elle eût combattu aux côtés de Garibaldi. Enfance à Saint-Ouen dans un triangle d'or formé par la rue des Rosiers, le stade du Red-Star et le marché aux Puces. Enfance prolétarienne, entre un grand-père, aristocrate ruiné et émigré italien (le dernier habitant du château) devenu chauffeur de taxi, une grand-mère anglaise couturière, une mère, fille d'un maçon italien, empaqueteuse et d'un père chimiste. Pour faire rêver le petit Gérard : un grand-oncle coureur automobile célèbre, Charles de Cortanze, qui gagne les 24h du Mans et une marraine richissime, Nora Lelas qui équipe le paquebot France et collectionne les Watteau et les Fragonard. Pour tout ce monde, une consigne : on ne parle jamais de l'Italie. Et lorsqu'on demande au grand-père, où il est né, il répond avec l'accent du sud : " Je suis né à Marseille !" C'est sans doute l'influence du père, imprévisible et quichottesque, qui fait régulièrement sauter l'usine où il travaille, et dans laquelle finit par vivre, dans une villa de fonction, toute la famille, qui pousse GDC à rêver à cette ville et à ce château qui porte son nom. C'est d'abord sur les stades que GDC fait ses premières armes - athlète de haut niveau, il court le 400 et le 800m - puis sur les planches dans la troupe du groupe Signes de Gilbert Bourson où il rencontre Daniel Mesguich et aux côtés de Bernard Sobel, avec lequel il joue Brecht dans les cours d'usine. Publication des premiers poèmes à 18 ans après une rencontre avec Bernard Noël et le vieux poète surréaliste serbo-croate Dusan Matic. Brusquement, il arrête ses études de lettres modernes, possesseur d'un CAFB il refuse la création de bibliothèque qui vient de lui être confié, se fait réformer du bataillon disciplinaire où il avait été envoyé en simulant la folie, et décide de se consacrer entièrement à l'écriture. Années 70 : Rencontres décisives avec des écrivains hispaniques qui vont devenir ses amis, Julio Cortazar, Carlos Fuentes, Mario Vargas Ilosa, Ernesto Sabato, Adolfo Bio Casares, Alvaro Mutis, Alfredo Bryce Echenique, Eduardo Mendoza qu'il publiera et traduira dans la collection Barroco qu'il dirigera aux éditions Flammarion. Par la suite, il traduira de l'espagnol une quarantaine de livres, et publiera plusieurs anthologies de littérature hispanique. Intègre les groupes Change de Jean-Pierre Faye et Tel Quel de Philippe Sollers. Travaille avec les hongrois du groupe datelier. Fréquente les milieux d'avant-garde. Rencontre Pérec, Chomsky, Pleynet, Roubaud, etc. Structuralisme. Psychanalyse. Linguistique. Engagements contre les dictatures en Amérique latine. Parallèlement entame une carrière de producteur à France-Culture et de critique littéraire tout d'abord aux Nouvelles Littéraires et à Libération, puis au Monde, au Nouvel Observateur, à Télérama, enfin au Ouotidien de Paris, et au Figaro Littéraire. Travaille depuis 1978 au Magazine Littéraire. Editeur : occupa différentes fonctions de directeur littéraire et de directeur de collection aux Editions de la Différence, Belfond, Hachette littérature, Plon, Flammarion, Ramsay et fut le seul homme à occuper un poste de direction aux éditions des Femmes. Années 80 : années de recherches intenses. Ecrit de la poésie, des pièces de théâtre radiophonique, publie un premier roman, expose des " papiers froissés " à Beaubourg, travaille sur des scénarios de film avec Jodorowsky et Solanas, part en Irak pendant la guerre Irak-Iran, publie un livre avec un psychanalyste, etc. A partir des années 90, GDC entreprend une recherche personnelle au plus près de la littérature qui le conduit, afin de répondre aux questions qui le hantent, auprès d'écrivains amis qu'il questionne et dont il écrira des biographies littéraires : Paul Auster, Jorge Semprun, Philippe Sollers, JMG Le Clézio. On lui doit également de nombreux écrits sur l'art, le baroque, le surréalisme ainsi que des monographies sur Antonio Saura, Zao Wu Ki et des peintres français contemporains. Depuis 1998 date de la publication des Vice-rois, il s'est lancé dans la rédaction d'un projet romanesque ambitieux (Cyclone, Une chambre à Turin, et aujourd'hui Assam) lui permettant de renouer avec son histoire familiale occultée. Gérard de Cortanze est l'auteur de plus de quarante livres dont neuf romans, traduits en quinze langue, la plupart étant publiés en livres de poche.

Prix

Les Vice-Rois, Prix du roman historique

Cyclone, Prix Baies des Ange, ville de Nice

Le mouvement des choses, Prix de poésie Charles-Vildrac

Une chambre à Turin, prix Cazes-Lipp

Bibliographie

ROMANS
Le livre de la morte, Aubier-Montaigne, 1980.
Les enfants s'ennuient le dimanche, Hachette, 1985. Babel/Actes Sud, 1999.
Giuliana, Belfond, 1986. Le Livre de poche, 1987 ; Babel/Actes Sud, 1998.
Elle demande si c'est encore la nuit, Belfond, 1988.
L'Amour dans la ville, Albin Michel, 1993. Le Livre de poche, 1996.
L'Ange de mer, Flammarion, 1995.
Les Vice-Rois, Actes Sud, 1998. Prix de la ville de Blois, 1999 ; Prix Baie des
Anges, 1999. Babel/Actes Sud, 2000 ; J'ai lu, 2002.
Cyclone, Actes Sud, 2000. Babel/Actes Sud, 2002.
Assam, Albin Michel, 2002.

ESSAIS
Le Surréalisme, MA éditions, 1985 ; réédition augmentée : Le Monde du Surréalisme,
Veyrier, 1991.
La Mémoire de Borges, Dominique Bedou, 1987.
Le Baroque, MA éditions, 1987 ; réédition augmentée : Promenades baroques, éditions de l'Arsenal, 1995.
Antonio Saura, l'exil biographique, La Diférence, 1990.
Tobiasse ou le patient labyrinthe des formes, La Différence, 1992.
Espanas y Américas, La Différence, 1994.
Antonio Saura, La Différence, 1994.
Ateliers d'artistes, Le Chêne, 1994.
Dossier Paul Auster, Anagrama, 1996.
Le New York de Paul Auster, Le Chêne, 1996.
La Solitude du labyrinthe. Entretiens avec Paul Auster, Actes Sud, 1997.
Le Madrid de Jorge Semprun, Le Chêne, 1997.
Hemingway à Cuba, Le Chêne, 1997. Folio/Gallimard, 2002.
Zao Wou-Ki, La Différence, 1998.
Jean-Marie Gustave Le Clézio : le nomade immobile, Le Chêne, 1999.
Folio/Gallimard, 2002.
L'Acier sauvage (avec des photos de Hélène Moulonguet), Actes Sud, 2000.
Philippe Sollers ou la Volonté de Bonheur, roman, Le Chêne, 2001.
Une chambre à Turin, éditions du Rocher, 2001. Prix Cazes-Lipp 2002. Folio/Gallimard, 2002.

POESIE
Au seuil: la fêlure, PJO, 1974.
Altérations, éditions d'Ateliers 1973.
U. Cenote, Alain Anseuw éditeur, 1980.
Los Angelitos, Richard Sébastian Imprimeur, 1980.
La Muerte solar, Pre-textos, 1985.
Jours dans l'échancrure de la nuque, La Différence, 1988.
La Porte de Cordoue, La Différence, 1989.
Le Mouvement des choses, La Différence, 1999. Prix SGDL-Charles Vildrac, 1999.

ANTHOLOGIES
Huidobro / Altazor / Manifestes, Champ Libre, 1976.
America libre, Seghers, 1976.
Une anthologie de la poésie latino-américaine, Publisud, 1983.
Littératures espagnoles contemporaines, éditions de l'Université Libre de Bruxelles, 1985.
Cent Ans de littérature espagnole, La Différence, 1985.